Radios thoraciques: faut prendre une VD ou une DV ?

L’examen radiographique standard comprend deux vues latérales en plus d’une vue orthogonale. Plus souvent, la ventrodorsale (VD) est employée pour former le trio. Mais est-ce toujours le meilleur choix ? Explorons différentes situations cliniques qui justifient l’emploi d’une dorsoventrale (DV) plutôt que d’une VD, ou l’inverse.

D’abord, le décubitus dorsal peut empirer la détresse respiratoire d’un animal en dyspnée. La DV prise en décubitus sternal est plus sécuritaire et moins stressante dans ce contexte, pour l’animal… mais aussi pour les manipulateurs ! 

La ventilation réduite des lobes caudaux provoquée par le décubitus dorsal limite la visualisation de certaines structures caudodorsales étant donné le plus petit volume d’air entourant les tissus mous pulmonaires, notamment les vaisseaux pulmonaires caudaux. Ceux-ci sont en effet plus faciles à évaluer et à mesurer lorsque les poumons sont en pleine expansion, soit en décubitus ventral. 

CAS 1

Voici un chat domestique de 7 ans mâle castré présenté pour suivi de sa condition cardiaque. En plus de l’évaluation de la silhouette cardiaque, un examen attentif des vaisseaux pulmonaires crâniaux et caudaux est requis.

En comparant les deux projections, on peut apprécier que la dorsoventrale met davantage en relief les vaisseaux des lobes caudaux (flèches jaunes).  On peut aussi y voir que l’extrémité caudale des lobes pulmonaires s’étend plus caudalement en DV (flèches noires), confirmant leur plus grande insufflation.

Ce concept s’applique aussi à la détection de nodule ou de masse pulmonaire caudodorsale. À l’inverse, les structures situées dans les poumons ventraux (incluant le lobe accessoire) sont mieux visibles sur une VD comme ces portions sont alors mieux ventilées. 

CAS 2

Ce chien boxer croisé de 12 ans mâle castré avait été présenté pour toux, vomissements et bruits respiratoires augmentés à l’examen. En plus de la pathologie alvéolaire ventrale signalant une bronchopneumonie, un nodule pulmonaire caudo-dorsal était suspecté sur les vues latérales (flèches jaunes), mais n’était pas bien visible sur la VD soumise à ce moment.

Lors du suivi radiographique de la bronchopneumonie, une DV a été effectuée et a permis de confirmer le nodule pulmonaire au lobe caudal droit. 

La DV est également idéale pour l’évaluation cardiaque, puisque le cœur bascule moins et sa position dans le thorax est plus constante d’un animal à l’autre, facilitant la détection de changement de forme ou de taille. 

La recherche d’effusion pleurale est un autre exemple de l’utilité de la VD. Lorsque l’animal est sur le dos, le liquide se distribue dorsalement entre les lobes pulmonaires, remplissant davantage les scissures interlobaires qui deviennent alors plus évidentes. De plus, ce liquide déplacé dorsalement laisse la silhouette cardiaque mieux dégagée, facilitant son évaluation, comme celle du médiastin crânial

À l’opposé, le gaz libre dans l’espace pleural fuira la gravité et permettra un diagnostic plus fiable de pneumothorax en décubitus ventral (DV), pour dans l’exemple ci-bas:

CAS 3

Voici une goldendoodle de 5 ans stérilisée présentée pour tachypnée après avoir été frappée par une voiture. 

Comparativement à la VD qui ne permet pas de confirmer un pneumothorax chez ce chien, la DV met en évidence une légère accumulation de gaz dans l’espace pleural bilatéral (flèches) associée à une légère rétraction des lobes pulmonaires. En effet, comme le gaz libre s’accumule en portion non déclive des espaces pleuraux, celui-ci devient plus évident en décubitus sternal comme la portion dorsale du thorax est plus large que sa portion ventrale et mieux dégagée des superpositions (avec le coeur et autres steuctures médiastinales).

Pour finir, il est toutefois important de souligner qu’une DV sera techniquement plus difficile à obtenir sans obliquité sur un chien à thorax profond et effilé.

Le tableau qui suit résume les situations où la DV ou la VD est préférable: 

VDDV
Détection d’un effusion pleuraleAnimal en dyspnée
Évaluation des poumons ventraux et du lobe accessoireÉvaluation du coeur et des vaisseaux pulmonaires caudaux
Métastases aux lobes crâniaux souvent plus évidentes Masses ou métastases aux lobes caudaux plus évidentes 
Thorax profond Détection d’un pneumothorax

En somme, avant de faire 3 vues radiographiques du thorax, il est important de se demander ce qu’on recherche et de choisir judicieusement les vues radiographiques afin de faciliter notre interprétation. En cas de doute, mieux vaut en prendre 4 !

Vous avez des questions sur cet article ? N’hésitez pas à contacter Claude Stanciu, résidente ACVR à cstanciu@animages.ca

Vous avez une autre question technique ? N’hésitez pas à nous écrire à telerad@animages.ca

Cette entrée a été publiée par claudestanciu.

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