RadioQuiz 39 – Mégaoesophage avec pneumonie par aspiration, non ?

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Au moment d’écrire ces lignes, sur 72 répondants au sondage de la page du cas, vous avez été 51% à avoir posé un diagnostic de « mégaoesophage et pneumonie par aspiration« , devant une bronchopneumonie infectieuse (20%), infiltration tumorale (8%) et hémorragie pulmonaire (4%). À la 2e question, vous avez été 47% à recommander un traitement antibiotique et reprise des radiographies dans 7-10 jours, 20% un oesophagogramme, 17% un lavage broncho-alvéolaire pour cytologie et culture et 7% une ponction échoguidée, alors qu’une reprise des radiographies au réveil du chien a été recommandée à 6%.

En examinant les radiographies, on constate d’abord la présence d’un tube endotrachéal qui signale une anesthésie générale. L’oesophage (flèche blanche) est modérément dilaté. Les bronches (B) sont dilatées, surtout ventralement, et associées à un pathologie alvéolaire hétérogène en portion ventrale  du lobe crânial gauche(flèches jaunes). Ce lobe parait aussi moins volumineux sur la ventrodorsale alors que la silhouette cardiaque est déviée de ce côté. Toutefois, l’obliquité de la projection entraîne un décalage du sternum et de la colonne vertébrale thoracique (pointillés), ce qui pourrait expliquer, du moins partiellement, ce « shift médiastinal« . Ces signes radiographies auraient pu corréler avec un bronchopneumonie par aspiration secondaire à des vomissements ou régurgitations (pouvant avoir été induites par une dysfonction de la motilité oesophagienne).

Comme une anesthésie générale et un décubitus latéral prolongé peuvent affecter la ventilation pulmonaire, le mieux était de répéter les radiographies une fois le chien bien réveillé. C’est ce que le vétérinaire a fait, pour constater que la perte de volume et l’opacification du lobe crânial gauche avaient complètement disparu !

La morale de cette histoire ?  Une évaluation optimale des poumons demande que ceux-ci soient bien ventilés au moment de prendre les radiographies. L’anesthésie générale peut rapidement provoquer une atélectasie pouvant faire apparaître des lésions qui n’en sont pas, ou en masquer des réelles (ex. recherche de métastases). Un décubitus latéral de quelques minutes sous anesthésie générale peut avoir un impact diagnostic majeur en provoquant comme dans le cas présent de larges plages de patron alvéolaire. Une anesthésie entraîne aussi fréquemment une dilatation de l’oesophage qui peut être confondue pour un méga-esophage. En ce qui concerne les bronches dilatées de ce patient, un suivi radiographique en latéral sera nécessaire pour confirmer ou infirmer une bronchiectasie chez ce chien. Finalement, le positionnement radiographique peut exagérer un shift médiastinal, comme lorsque le thorax est rotationné lors de la prise des clichés.

Cette entrée a été publiée par Marc-Andre d'Anjou.

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