Cas intriguant 3 – Réponse
Sur les radiographies, nous avions noté d’abord un déplacement ventral et vers la droite de la trachée cervicale, de même qu’une zone hétérogène dans les tissus mous ventraux à la colonne vertébrale, associée à la présence de multiples petites bulles de gaz. Sur la VD, une opacité minérale était aussi visible médialement à l’épaule gauche, mais celle-ci s’est avérée non significative.
En raison d’une implication potentielle de la moelle épinière, nous avons opté pour l’IRM. Plusieurs séquences ont été utilisées pour mettre en valeur différents types de processus, incluant des séquences avec saturation des graisses – seulement possible avec un aimant de haut champ comme celui de la faculté – avec utilisation de milieu de contraste (gadolinium injecté IV). Sur ces images, un énorme corps étranger sans signal IRM (i.e. noir) a été identifié, entouré d’un abcès liquidien, s’infiltrant à travers les tissus mous cervicaux, depuis le plafond du pharynx jusque dans la région entre l’épaule (E) gauche et la cage thoracique, soit le plexus brachial. Ce corps étranger avait la forme d’une branche (B) et provoquait une compression et irritation des nerfs du plexus brachial gauche, expliquant ainsi les signes de boiterie à ce membre. L’image D correspond à une image transverse en pondération T1 obtenue suite à l’injection de gadolinium IV et après saturation du signal des graisses, augmentant la démarcation de la réaction inflammatoire dans cette région et ainsi que le corps étranger tout noir au centre de l’abcès. L’abcès montrait d’ailleurs une capsule hypointense bien visible sur les trois plans en pondération T2, soient sagittal (A), dorsal (B) et transverse (C). Malgré la suspicion clinique d’atteinte de la moelle épinière (ME), celle-ci était indemne sur les images. Cette composante clinique n’a donc pu être complètement expliquée.
Débile non ?!!
Un CT aurait aussi été un bon choix, mais comme une atteinte de la moelle épinière avait été initialement suspectée, l’IRM représentait une meilleure option. Sinon, l’échographie aurait aussi pu permettre de détecter le corps étranger et l’abcès au pourtour, mais l’évaluation de son étendue exacte aurait été limitée.
Voici quelques images chirurgicales, gracieuseté de Julien Cabassu, chirurgien à la faculté. Le chien s’en ait bien sorti.