[Chronique de l’apprenti 5] la suite

Pour lire ou relire l’article initial de Mylène avec les radiographies complètes, cliquez ICI.

D’abord, merci d’avoir participé en si grand nombre au sondage et d’avoir partagé ce joli cas !  Voilà une belle récompense aux efforts de Mylène 🙂

Les radiographies montraient tout d’abord un épaississement très marqué des tissus mous articulaires du grasset effaçant complètement les gras infrapatellaires et faisant protrusion de façon circonférentielle au grasset pour s’étendre proximalement à la rotule et latéralement à la fibula proximale. Plusieurs foyers d’ostéolyse à contour plus ou moins mal défini sont aussi visibles en région métaphysaire fémorale distale ainsi qu’au plateau tibial et aux fabelles. Cette ostéolyse implique non seulement la cavité médullaire, mais également les cortex et plaques sous-chondrales, particulières en portions crâniale et caudale du plateau tibial ainsi qu’à la trochlée fémorale.  Une prolifération osseuse médullaire mal définie de plus faible amplitude est visible au pourtour des foyers lytiques.

De plus, une prolifération périarticulaire, cette fois mieux définie, est également présente au pourtour des composantes articulaires. Deux foyers minéraux assez bien définis sont aussi visibles dans les tissus mous intra-articulaires du grasset. Finalement, on note une amyotrophie marquée des muscles de la cuisse.

lat annot

Avant d’établir une liste de diagnostics différentiels plausibles et de déterminer les étapes diagnostiques ou thérapeutiques pertinentes pour ce chien, on doit d’abord caractériser le comportement de l’ensemble de ces lésions. Tout d’abord, la nature irrégulière et mal définie de l’ostéolyse qui implique également le cortex et les plaques sous-chondrale est celle d’un processus agressif. La réaction osseuse médullaire mal définie est aussi de nature active. Une composante de prolifération périarticulaire mieux définie et compatible avec de l’ostéophytose est aussi présente et signale donc une composante d’ostéoarthrose qui semble toutefois indépendante des lésions médullaires et corticales au caractère plus agressif et plus actif.

La localisation des lésions étant polyostotique et centrée sur les zones d’attache de la capsule articulaire suggère très fortement une tumeur articulaire maligne, soient en premiers lieux un sarcome synovial ou un sarcome histiocytaire. D’autres diagnostics différentiels à considérer incluent un processus néoplasique métastatique, un processus infectieux (bactérien ou fongique), ou un processus inflammatoire telle une polyarthrite à médiation immunitaire (forme érosive). 1,2

Le sarcome synovial est une tumeur mésenchymateuse à croissance lente qui origine de la membrane synoviale de la capsule articulaire.2  Celle-ci affecte principalement les chiens d’âge moyen de moyenne et de grande race. Ces chiens ont généralement une histoire de boiterie chronique et une enflure de l’articulation affectée.3   Cette tumeur est localement invasive au niveau des tissus mous périarticulaires et des structures osseuses adjacentes.2,3 Plus rarement, elle peut métastasier aux noeuds lymphatiques régionaux et aux poumons.2 Les articulations les plus fréquemment affectées sont le grasset, le coude, l’épaule, et le tarse.2 L’apparence radiographique peut être variable. Initialement, les changements radiographiques peuvent être très subtils, démontrant une augmentation de volume des tissus mous articulaires ou périarticulaires sans atteinte osseuse.2  Éventuellement, on pourra voir une réaction périostée irrégulière suivi d’une érosion/lyse corticale irrégulière impliquant les os de part et d’autre de l’articulation.2,3 Une caractéristique du sarcome synovial le distinguant d’autres processus néoplasiques est le fait qu’il traverse l’articulation.2 Plusieurs néoplasmes peuvent toutefois avoir des caractéristiques radiographiques très similaires.2 Le diagnostic définitif du sarcome synovial se fait par biopsie et analyse histopathologique, mais une analyse cytologique suite à une cytoponction échoguidée peut parfois orienter le diagnostic de façon rapide et peu invasive.1 Le traitement de choix est l’amputation étant donné sa tendance à être envahissant localement, afin de limiter la récurrence.2 Le pronostic dépend du grade tumoral initial, des marges chirurgicales et la présence ou absence de métastases.2

Quelle devrait donc être la prochaine étape diagnostique et comment expliquer cette boiterie exacerbée depuis hier alors que ce processus est clairement chronique ?  

Pour lire la suite et fin de cet article, cliquez ICI.

  1. Harasen G. Joint tumors. The Canadian Veterinary Journal 2002;43:975-976.
  2. Hodge SC, Elkins AD, Blevins WE, et al. What is your diagnosis? Synovial cell sarcoma of a limb. J Am Vet Med Assoc 2007;231:1203-1204.
  3. Thrall DE. Textbook of veterinary diagnostic radiology, Sixth edition. St. Louis, Missouri: Elsevier; 2013;xii, 864 pages.
Cette entrée a été publiée par Marc-Andre d'Anjou.

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