[chronique de l’apprenti 6] Voilà pourquoi ça ne passe plus !

Pour voir ou revoir l’article original de Dre Mylène Auger, interne en imagerie médicale au Centre Vétérinaire Laval, cliquez ICI.

Une structure homogène d’opacité de tissus mous aux contours en partie bien définis est visible en portion caudodorsale du thorax (flèche jaune), mesurant 3 à 4 longueurs vertébrales. Sur la latérale, cette structure occupe la région entre la veine cave caudale et l’aorte – qui se confondent avec elle – et occasionne un léger déplacement crânioventral de la carina. Le rebord crânial de cette structure est lisse et bien défini, mis en évidence par la dilatation aérique sévère et généralisée de l’œsophage (têtes de flèches) qui s’étend crânialement à celle-ci. Sur la dorsoventrale (DV), la portion caudale de cette structure prend une forme conique (têtes de flèches) dans la zone du médiastin caudale pour atteindre la 12e vertèbre thoracique. On note par ailleurs sur la DV plusieurs foyers de pathologie alvéolaire en portion caudale des lobes pulmonaire crânial gauche et droit ainsi qu’au lobe moyen droit (encerclés).

Les caractéristiques radiographiques de la masse caudodorsale permettent de la localiser dans le médiastin caudal et plus plus spécifiquement dans l’oesophage, ou du moins intimement associée à celui-ci.  Les diagnostics différentiels à considérer dans ce cas sont un corps étranger œsophagien, un processus néoplasique (léiomyome, léiomyosarcome, etc.), un granulome ou un abcès.1 Une hernie hiatale représente un autre différentiel important à considérer. Les foyers de pathologie pulmonaire alvéolaire sont compatibles avec des foyers de pneumonie par aspiration secondaire aux régurgitations et aux vomissements.

Plusieurs tests diagnostics peuvent être considérés lorsque qu’une lésion oesophagienne est suspectée. D’abord, un oesophagogramme statique peut être effectué en administrant par voie orale du sulfate de barium, immédiatement suivi de radiographies latérale (1-2) et ventrodorsale du thorax.2 Cette technique a l’avantage d’être effectuée sans sédation ou anesthésie, et permet généralement d’identifier une anomalie structurale ou intraluminale de l’œsophage.2 L’utilisation du sulfate de barium est toutefois contre-indiquée lorsqu’un pneumomédiastin, un pneumothorax ou un épanchement pleural sont identifés, comme ils pourraient signaler une rupture oesophagienne.2 Ce test doit aussi être employé judicieusement lors de régurgitations ou vomissements importants qui pourraient mener à une aspiration de barium. De plus, si une évaluation endoscopique est envisagée, l’utilisation du baryum n’est pas recommandée car celui-ci peut limiter la visualisation des structures d’intérêt.3  Lorsque disponible, la fluoroscopie permet une évaluation dynamique du mouvement du barium, apportant davantage d’informations que radiographies statiques.

L’endoscopie permet quant à elle la visualisation directe de la muqueuse oesophagienne. Cette technique requière cependant une anesthésie générale et sa qualité sera dépendante de l’expérience de l’utilisateur et de l’équipement disponible. En contrepartie, elle permet de guider et d’effectuer la prise de biopsies lors de masse oesophagienne et de guider le retrait de corps étrangers. Ces atouts font de l’endoscopie la méthode thérapeutique de choix lors de corps étranger œsophagien et doit idéalement être effectuée dans les plus brefs délais pour limiter les complications potentielles (œsophagite, rupture oesophagienne, formation de strictures et développement de pneumonies par aspiration).3

salamiDans le cas présent, une endoscopie a confirmé un corps étranger œsophagien. Celui-ci s’est avéré être une volumineuse quantité de salami qui était impacté dans l’œsophage caudal. Une première tentative infructueuse de retirer ce matériel étranger par endoscopie a été effectuée, mais le degré d’impaction était trop important. Il n’a également pas été possible de le repousser dans l’estomac. Une laparotomie et une gastrotomie ont donc été effectuées par la suite, ce qui a permis de repousser le matériel étranger dans la région pharyngée via la gastrotomie. Le matériel étranger a ensuite été fragmenté avec des pinces ce qui a permis de le retirer par endoscopie.

Pour en savoir plus sur le mégaoesophage, on vous invite à consulter le RadioQuiz 23.

  1. Dennis, Ruth.Handbook of Small Animal Radiology and Ultrasound: Techniques and Differential Diagnoses. Edinburgh: Churchill Livingstone/Elsevier; 2010.
  1. Thrall DE. Textbook of veterinary diagnostic radiology, Sixth edition. ed. St. Louis, Missouri: Elsevier; 2013;xii, 864 pages.
  1. Thompson HC, Cortes Y, Gannon K, et al. Esophageal foreign bodies in dogs: 34 cases (2004-2009). J Vet Emerg Crit Care. 2012;22(2):253-261.
Cette entrée a été publiée par Marc-Andre d'Anjou.

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